Claude aux fichiers, Google à la vidéo verticale, Amazon aux lunettes

J’aime dire que la veille IA ressemble au Far West : beaucoup de poussière, des cavaliers qui passent en coup de vent… mais très peu de pépites d’or.

L’ambition de cette newsletter : jouer le rôle de shérif dans ce désert. Alors me voici, Alex, la voix qui filtre et analyse les actus IA pour ne garder que l’essentiel. Pas le buzz technique, pas les annonces gadgets, mais les actus, modèles et outils à impact business — pour décideurs, consultants et éditeurs.

Chaque semaine, une sélection claire, triée et mise en perspective. Bienvenue dans la première édition.

📌 Les 3 mises à jour clés

Anthropic a lancé une mise à jour majeure : Claude peut désormais créer et modifier des fichiers Excel, PowerPoint et PDF. Jusqu’ici, on parlait d’un chatbot assistant ; désormais, il devient acteur direct sur les livrables. Cela change le quotidien des équipes : reporting automatisé, slides commerciales mises à jour en direct, ou encore relecture juridique intégrée dans un PDF. Mais cela pose aussi des questions très opérationnelles : versioning, sécurité des fichiers, gouvernance des accès. Pour les équipes, c’est le moment de tester l’IA sur des tâches documentaires récurrentes, et de mesurer si elle peut devenir un appui de production fiable (et sécurisé).

Google a mis à jour Veo3, son générateur vidéo IA, qui peut désormais produire en vertical (9:16) et en 1080p. Une évolution logique : c’est le format dominant de TikTok, Reels et Shorts. Autre point clé : le prix chute presque de moitié, ce qui rend possible des campagnes où l’on teste plusieurs variantes créatives à grande échelle. Les directions marketing y verront un levier pour accélérer la production de contenus adaptés aux réseaux. Mais cette rapidité impose un cadre clair : chartes visuelles, mentions légales, validation interne. Sans ça, la promesse de vitesse risque de se traduire par un surplus de contenus difficiles à contrôler.

Gemini sait désormais transcrire des fichiers audio (10 minutes en gratuit, 3 heures pour les abonnés). L’intérêt n’est pas de résumer des réunions — déjà couvert par d’autres outils, voire Gemini lui-même — mais de transformer la parole en actif réutilisable : interviews pour agences ou journalistes, entretiens RH, ou comptes rendus commerciaux intégrés au CRM. Attention toutefois : la voix est une donnée personnelle sensible. Consentement, conservation, confidentialité… les règles doivent précéder l’usage. Et, détail notable, ChatGPT ne propose pas encore cette fonction en natif : un différenciateur réel pour Gemini.

🔎 Décryptages

Ce que c’est. K2 Think est un modèle d’IA spécialisé dans le raisonnement mathématique et logique. Là où les modèles généralistes donnent parfois des résultats approximatifs, celui-ci déroule une vraie démarche pas à pas pour résoudre des problèmes chiffrés.

Pourquoi ça compte. Beaucoup de métiers reposent sur des calculs précis : optimiser une supply chain, simuler des scénarios financiers, planifier des ressources. Sur ce type de cas, un modèle spécialisé peut devenir un vrai copilote analytique. C’est l’équivalent d’avoir un collaborateur qui ne s’éparpille pas et reste concentré sur les chiffres.

Limites. K2 Think reste un modèle très fort en maths, mais limité en dehors. Et côté infra, il faut des processeurs graphiques très puissants, donc pas un outil “plug-and-play” pour tout le monde.

À retenir. La tendance se confirme : au-delà des grands modèles généralistes, on voit émerger des modèles experts conçus pour délivrer de la valeur sur un domaine précis. Pour les entreprises, cela veut dire apprendre à bâtir un portefeuille de modèles IA, comme on le fait déjà avec ses logiciels métiers.

Pour creuser encore plus c’est ici.

Ce que c’est. Voyager est un modèle d’IA qui génère, à partir d’une simple photo, une courte séquence vidéo donnant l’impression d’un monde 3D explorable. Techniquement, ce n’est pas un vrai environnement 3D, mais une suite d’images cohérentes qui simulent le mouvement d’une caméra.

Pourquoi ça compte. Pour l’immobilier, le retail ou la formation, ça change la donne : un simple cliché peut devenir une expérience immersive rapide, sans passer par des studios 3D hors de prix. Un vrai levier pour séduire un client ou tester un concept.

Limites. On reste loin d’un “vrai” univers 3D : les séquences sont courtes, la cohérence visuelle finit par s’effriter, et il faut une puissance de calcul de compétition. Cerise sur le gâteau : interdiction d’usage en Europe pour le moment (merci les licences).

À retenir. Voyager, c’est un peu le Polaroid de l’immersif : pas parfait, mais suffisant pour impressionner dans un pitch ou une démo. Pour du marketing ou un POC créatif, oui. Pour un jumeau numérique industriel, on repassera.

Pour creuser encore plus c’est ici.

👁️ L’œil Business

5 cas d’usage à fort ROI avec le mode agent de ChatGPT. Recherche de candidats, veille concurrentielle, enrichissement de tableurs, détection de tendances sociales, audit RGPD… on vous invite à jeter un œil a ces exemples concrets pour automatiser en une dizaines de minutes.

78 % d’adoption… mais 95 % d’échecs. Vous avez sans doute déjà vu circuler la stat : 78 % des entreprises utiliseraient l’IA en 2025. Un chiffre répété à toutes les sauces dans la presse, et qui dit surtout une chose : l’IA est entrée dans le quotidien. Rien de nouveau.
Le vrai sujet est ailleurs : selon le MIT, 95 % des projets IA n’ont pas d’impact business mesurable. La cause ? Trop d’organisations se contentent d’ajouter une fonctionnalité IA (“+AI”), au lieu de repenser leurs workflows. Voici un article très clair sur le sujet.
Et à mon avis, il y a aussi un obstacle très concret : l’offre d’outils explose, chacun promettant monts et merveilles, et beaucoup d’équipes ne savent pas lesquels sont fiables, ni lesquels s’appliquent vraiment à leurs cas d’usage. Dans ce contexte, faire le tri est déjà un choix stratégique.

📊 Adoption & marché

OpenAI se rêve en LinkedIn de l’IA. Lancement en 2026 d’OpenAI Jobs Platform pour connecter entreprises et talents “AI-ready”. Objectif : créer un marché vertical de l’emploi IA, doublé d’un système de certification via OpenAI Academy (10 millions d’Américains d’ici 2030).

Certifier les compétences devient la norme. Dix certifications dédiées à l’IA générative (AWS, Google, Microsoft, Nvidia, Oracle, Databricks) traduisent un passage de l’expérimentation artisanale à une montée en compétences structurée.

La sécurité IA arrive en boardroom. Le blueprint SANS propose un cadre en trois piliers (Protect, Utilize, Govern) pour muscler vos déploiements. À télécharger et lire : c’est une bonne base pour vos comités risques ou vos discussions avec le board.

Évaluer les IA devient un exercice méthodique. MIT et Stanford propose une matrice 3×3 pour classer les IA selon leur rôle (Search, Act, Solve) et leur niveau de personnalisation. Utile pour choisir ses outils d’IA avec méthode.

🔮 Le radar de Joynt

Pas de catalogue gadget : ici, chaque outil est relié à une fonction métier. De quoi savoir tout de suite si ça peut servir à vos équipes.

👀 Juste pour ne pas passer à côté

Comme toujours, beaucoup d’annonces circulent. Pas de quoi chambouler vos feuilles de route, mais assez visibles pour mériter d’être notées :